L’impact des tensions commercial sur le tourisme français 

tourisme français

Alors que les tensions commerciales entre les États-Unis et l’Europe s’intensifient, le secteur du tourisme français, pilier de l’économie nationale, se retrouve sous les projecteurs. Le gouvernement, par l’intermédiaire du ministère de l’Économie (Bercy), a réuni plusieurs acteurs clés pour évaluer les impacts potentiels de cette conjoncture géopolitique. 

 

Le tourisme français, un poids lourd économique sous surveillance 

Le tourisme français joue un rôle essentiel dans l’économie de notre pays. Le secteur de l’hôtellerie et de la restauration à lui seul représente entre 2,5 % et 3 % du PIB. Ses retombées irriguent également d’autres filières comme les transports et les loisirs. Autant dire que toute variation de fréquentation a un effet domino sur une large part de l’écosystème économique. 

 

Inquiétudes du terrain : inflation et frais de douane 

Les représentants de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH), présents lors des réunions avec Bercy, ont exprimé leurs préoccupations concernant le tourisme français. En ligne de mire : une potentielle hausse de l’inflation, alimentée par les droits de douane imposés ou envisagés dans le cadre des tensions commerciales transatlantiques.  

Les secteurs particulièrement concernés sont le fromage, le vin et les spiritueux. Fleurons du patrimoine gastronomique français et vecteurs puissants d’attractivité du tourisme français. 

Une hausse des prix liée aux taxes douanières aurait un double effet. D’une part, elle rendrait ces produits plus chers sur le marché américain, avec un risque de baisse des exportations. D’autre part, une éventuelle répercussion de ces hausses sur le marché intérieur. Ce qui pourrait affecter l’expérience du tourisme français elle-même, en alourdissant la note pour les voyageurs venus savourer ces produits sur place. 

Pour les professionnels de la restauration, de l’hôtellerie et de l’œnotourisme, cette perspective inquiète. Elle pourrait à la fois réduire l’attractivité du terroir français à l’étranger et peser sur la consommation touristique locale. Dans un contexte où la compétitivité et l’image sont des leviers clés, toute déstabilisation des filières alimentaires emblématiques constitue un signal d’alerte pour l’ensemble du tourisme français. 

Par ailleurs, la chute du dollar face à l’euro pourrait constituer un frein significatif à l’arrivée de touristes américains, traditionnellement nombreux à visiter la France. En effet, un dollar affaibli réduit le pouvoir d’achat des visiteurs venus des États-Unis, rendant leur séjour sur le sol européen mécaniquement plus coûteux : hébergement, restauration, transports, loisirs… 

 

Un tourisme américain en léger repli… mais compensé 

Nathalie Delattre, ministre déléguée au Tourisme, reconnaît « un léger fléchissement » du tourisme américain, avec des baisses de 3 % sur les congrès et de 4 % sur le tourisme d’affaires pour les ponts de mai. Elle nuance cependant cette tendance en soulignant la résilience du secteur et l’arrivée croissante de visiteurs canadiens, qui semblent se détourner des États-Unis au profit du tourisme français, y compris dans les Outre-mer. 

Des régions à contre-courant : la dynamique du Sud 

Malgré les incertitudes macroéconomiques, certaines régions françaises affichent des performances insolentes. Le Comité régional du tourisme (CRT) PACA rapporte une hausse de 30 % des arrivées de touristes américains en 2025, après une progression de 25 % en 2024.Pour en savoir plus sur l’évolution du paysage hôtelier en 2025. 

« Les Américains sont devenus la première clientèle hôtelière de la région Sud depuis deux ans », affirme Loïc Chovelon, directeur général du CRT PACA. Une dynamique stimulée notamment par l’offre aérienne croissante depuis Nice, avec jusqu’à cinq vols directs quotidiens vers les États-Unis et l’essor de l’aéroport Marseille-Provence. 

Le report des flux touristiques intra-européens 

Face à l’incertitude sur les déplacements vers les États-Unis, l’UMIH mise sur un possible effet de report : les Européens pourraient privilégier des destinations intra-européennes, dont la France, en lieu et place d’un voyage outre-Atlantique. Un report qui compenserait la diminution de la demande américaine et stabiliserait le tourisme français. 

Si certaines inquiétudes demeurent, notamment du côté des professionnels de la restauration et de l’hôtellerie, les chiffres observés en régions et l’arrivée de nouvelles clientèles laissent penser que le tourisme français résiste mieux qu’attendu. À l’heure actuelle, c’est davantage le tourisme américain qui pourrait souffrir d’un « Effet Trump », plutôt que la France.